50 ans biofarm

Qu’elles étaient passionnantes ces 50 années de la coopérative Biofarm!

Nous aimerions partager avec vous quelques histoires et faits marquants captivants.

Dans ces pages, vous trouverez chaque mois de nouvelles informations, histoires et anecdotes au sujet de Biofarm. Montez à bord pour un voyage dans le temps de
1972 à 2022.

Gründer haben ihre Gründe

Le 8 mai 1972, neuf hommes se sont réunis à l’hôtel restaurant Kreuz de Herzogenbuchsee dans le canton de Berne. Ils ont posé les bases de Biofarm.
L’un d’entre eux, Werner Scheidegger, devint le premier président et directeur général de l’entreprise. Le premier bureau puis le premier entrepôt de la jeune coopérative ont été aménagés sur sa ferme de Madiswil (BE).

Werner Scheidegger évoque ses souvenirs de membre fondateur: «Dans les années 50 et 60, le mouvement de l'agriculture biologique bénéficiait d’un excellent réseau. Hans Müller, biologiste, instituteur et conseiller national, avait été chargé en 1926 par son parti, le Parti des paysans, artisans et Bourgeois de l’époque, de s’occuper de la formation de la jeune génération. Secondé par sa femme, Maria Müller-Bigler et le médecin allemand Hans Peter Rusch, il a jeté les bases de l'agriculture biologique d'aujourd’hui dans un jardin d’école du Möschberg. De nombreuses personnes intéressées se réunissaient là. C'est aussi là que nous, futurs fondateurs, avons fait connaissance. Le décès de Maria Bigler en 1969 a laissé un grand vide. Nous avons pris conscience du fait qu’elle avait été la force motrice dans l’ombre de son mari. Comme Hans Müller, malgré son âge avancé, n’avait pas organisé sa succession, ni celle de son épouse, nous, les jeunes agriculteurs étions convenus: il nous incombait à nous de faire progresser l’agriculture biologique.»

«Enfin quelqu’un passe à l’action!»
En agriculture biologique, le désherbage non toxique a toujours été un enjeu majeur. Certains jeunes agriculteurs se sont lancés dans le développement de la technique du flambage et ont également cherché des voies de distribution alternatives pour le lait et la viande. Alors que la première idée semblait réalisable, la seconde allait être confrontée aux réglementations légales. Grâce aux conférences de l'institut de formation Möschberg, le groupe connaissait l'avocat Beat Müller, fils du fondateur Hans Müller. Ils se tournèrent donc vers lui. Et quelle ne fut pas sa réaction: «Enfin quelqu'un passe à l'action ! Pendant des années, je disais à mon vieux père qu’il fallait que quelque chose marche. Il ne s'est rien passé en agriculture biologique depuis la mort de ma mère. » Beat Müller convoqua Werner Scheidegger et ses collègues, Sämi Vogel et Fritz Buser, à son bureau. Il leur conseilla de créer une coopérative - la forme juridique la plus courante pour l’organisation en agriculture. L'avocat assista également à la rédaction des statuts. «La commercialisation non seulement d'instruments, mais aussi de produits » est inscrit dans l'article des statuts constitutifs définissant le but de la coopérative.

Le nom sonne juste!
Le nouveau-né avait besoin d’un nom. Ce nom devait comprendre le mot « bio ». Les membres fondateurs trouvaient l'expression « marketing bio » (Bio-Vermarklung en allemand) trop lourde. Le groupe se remua les méninges, jongla avec les mots.
«Verm ..» devint soudainement «ferme.». Eureka! «Coopérative Bio-Farm» voilà le nom !

Membres fondateurs

Les membres fondateurs: (v.l.) Ruedi Lüscher, Fritz Buser, Hans Grieder, Samuel Vogel, Werner Scheidegger et Beat Müller.

Gründer haben ihre Gründe

En juillet 1972, la jeune Biofarm lançait une invitation à une démonstration de son dispositif de désherbage. Celui-ci avait été construit par la société Koller à Chiètres (Fribourg). Le prototype automoteur, propulsé par une faucheuse à moteur, rassemble quelques curieux à Fraschels (Fribourg). Peu après le démarrage, la conduite d'essence de l'entraînement monoaxe prend feu. Tous les spectateurs courent se mettre à l'abri et observent de loin et en sécurité les rêves des pionniers de Biofarm s’enflammer...

L’un des témoins de la scène, Werner Scheidegger raconte : « Notre optimisme n'a pas pour autant été perdu dans le feu. Nous avons continué à expérimenter, et nous sommes passés à une version tractée ». Les démonstrations de cette deuxième machine, un an plus tard, attirent de nombreuses personnes intéressées. Trois jours après la manifestation, il semble que les céréales aient été détruites en même temps que les mauvaises herbes. Mais elles se rétablissent et, trois semaines plus tard, on ne voit plus guère de différence avec la partie non traitée - si ce n'est que les mauvaises herbes repoussent effectivement moins.

Le bricolage continue
Au printemps 1973, les premières machines à brûler sont livrées de justesse dans les délais. A peine la première machine est-elle en service qu’une demi-heure plus tard le président de Biofarm est prévenu par téléphone du désastre. Les tuyaux de gaz fuient. Que faire maintenant ? Le fabricant se défile : « Ce n'est pas possible, ce sont les meilleurs tuyaux sur le marché ! » Cela n'aide guère Biofarm. « Nous nous sommes alors rendu compte par nous-mêmes que les tuyaux étaient trop proches des brûleurs. Sous l'effet de la chaleur croissante, le plastique s'est ramolli et s'est détaché des brides », explique Werner Scheidegger. Une pièce spéciale et des raccords en métal apportent une solution de fortune. Les appareils de cette première série doivent être mis à niveau. Ce qui a coûté à la jeune coopérative plus que la marge de vente et passablement d’énergie.

Un objectif évanoui en fumée
Alors qu'ils cherchent à construire une autre série, le hasard met en contact les pionniers de Biofarm avec le spécialiste du gaz Rudolf Haueter. Une longue collaboration commence, mais ne débouche jamais sur une affaire. Le modèle 74, la deuxième série de brûleurs, est techniquement plus abouti, la question du dosage du gaz est parfaitement résolue et le maniement est nettement amélioré. Pourtant, les appareils ne sont guère vendables : trop chers pour les exploitations agricoles, et l'utilisation interentreprises conduit rapidement à une saturation du marché. Pendant des années, les appareils invendus pèsent sur le bilan. Ce n'est que grâce au prêt généreux d'un membre fondateur que Biofarm échappe à la faillite au cours de son troisième exercice. Les brûleurs connaissent une renaissance inattendue en 1988, lorsque certaines administrations communales, alarmées par la présence de résidus d'atrazine dans l'eau potable, cherchent des alternatives pour les espaces publics. Et l'intérêt des cimetières zurichois pour les appareils mobiles ne parvient pas à masquer la réalité : à long terme, la coopérative ne sera pas en mesure d'assurer le développement et le service. Un objectif de fondation prometteur s'est évanoui en fumée.

Membres fondateurs

Gründer haben ihre Gründe

Lors de la création de Biofarm, le développement de dispositifs thermiques de désherbage et la commercialisation de la viande et du lait étaient certes les priorités, mais l’élevage de porcs est rapidement devenu le deuxième sujet brûlant. En quête de débouchés pour la viande, les pionniers rencontrent un boucher qui se dit intéressé par l’élevage de pas moins de 2 000 porcs par an pour sa production de salami bio. Mais où trouver ces porcs biologiques et les énormes quantités d'orge biologique que tous ces animaux
engloutissent ? Un membre du conseil se rend en France pour se renseigner. Des mélanges d'aliments sont préparés. Un questionnaire sur la production porcine est envoyé à toutes les exploitations connues. Mais, quelques mois plus tard, le projet de salami biologique tombe à l’eau. Faute de potentiel de revenus et ... de porcs.

Le succès venu d’Alsace
Alors qu’il suit un cours d'agriculture au centre de formation de Möschberg, le président de Biofarm, Werner Scheidegger, fait la connaissance d'un constructeur de machines[MV1]  alsacien. Il propose à ce dernier de devenir le distributeur en Suisse de son moulin à céréales alsacien. « Nous avons longuement délibéré au sein de la direction, et pesé le pour et le contre », explique Werner Scheidegger. « Finalement, l'opinion qui a prévalu est que les gens qui moulent eux-mêmes des céréales et qui font du pain sont déjà assez proches de la pensée biologique ». Biofarm espère en outre que la vente d'une douzaine de ces moulins épongera les frais occasionnés par l'échec des brûleurs destinés au désherbage. Les réactions à sa première annonce dépassent toutes les attentes : en très peu de temps, les dix premiers moulins sont vendus ; il y en aura 100 dès la première année. Le salon de la famille Scheidegger à Madiswil est transformé en salle de démonstration.
Pendant plusieurs années encore, les moulins à céréales alsaciens resteront l'un des piliers essentiels de l'entreprise. Soulignons qu’ils sont le véritable déclencheur de ses activités céréalières, encore importantes aujourd'hui.
Au printemps 1974, les pionniers ont fait face au défi d’organiser dans l'urgence quelques centaines de kilos de blé bio. A l'époque, la plupart des agriculteurs avaient déjà livré leurs céréales. Ernst Frischknecht, dont l’exploitation est située à Tann, dans le canton de Zurich, s’est dit prêt à prendre le relais et est devenu le premier fournisseur de produits Biofarm.

Membres fondateurs

Gründer haben ihre Gründe

Derrière tous ses efforts pour élargir son assortiment avec des produits bio d'origine suisse se pose bientôt une question fondamentale pour la jeune Biofarm : en tant que coopérative agricole suisse, peut-elle se permettre d’intégrer des produits importés dans son assortiment ? La décision s'avère plus simple lorsque des produits ne peuvent pas être cultivés en Suisse pour des raisons climatiques. Mais pour tous les autres, Biofarm ne fait-elle pas concurrence à ses propres membres ?  Les pionniers arrivent finalement à la conclusion que les graines indigènes se vendent mieux si elles font partie d’un assortiment conséquent pour le commerce de détail. En effet, pour les magasins, une commande n’est intéressante que si le plus grand nombre possible d'articles peut être obtenu chez le même fournisseur. Le président de Biofarm, Werner Scheidegger : « Nous nous sommes toujours imposé comme ligne de conduite de privilégier les producteurs nationaux et de n'avoir recours à des importations que lorsque l’offre est insuffisante ».

Un produit de leader passé au broyeur de végétaux
Qui aurait pu se douter que le sucre de canne complet brésilien allait devenir le premier produit importé de Biofarm lorsqu’un illustre inconnu, Emilio Lutz, Suisse de l’étranger la contacte. Ce dernier dirige la Fazenda Jacutinga avec sa femme. Ils se sont convertis à l’agriculture bio et sont à la recherche d'acheteurs en Europe. Le couple d’agriculteur souhaite produire à partir de la canne à sucre - non pas du carburant comme la plupart des autres producteurs - mais du précieux sucre de canne complet. Pour la coopérative, la question se pose alors de savoir si l'intégration d'un tel produit de niche est justifiée et judicieuse. Le président de l'époque, Werner Scheidegger, estime que les opportunités de ventes sont limitées. A cela s'ajoutent des prescriptions restrictives pour l'importation, notamment la constitution de réserves obligatoires. Après quelques tergiversations, on décide tout de même de faire un essai. Le premier conteneur de 16 tonnes arrive à destination. Ah, mais attention ! Le sucre de canne absorbe l'humidité de l'air et s'agglomère. Il faut donc confectionner des sachets adaptés. Normalement, de tels produits sont stockés et traités dans des locaux climatisés, mais à Kleindietwil, c'est encore un rêve. Comme les sacs originaux en provenance du Brésil ne retiennent déjà pas suffisamment l'humidité, tout le contenu du sac (15 kg) est souvent une seule masse qu'il faut écraser avant de la conditionner en petits emballages. Toutefois, une solution se dessine : le contenu du sac est passé au broyeur de végétaux. Plus tard, le fournisseur livrera le produit dans des sacs en plastique et cette solution de fortune deviendra superflue. Par son appétit de nouveauté, Biofarm contribuera une fois de plus à l'élaboration de directives Bio Suisse - cette fois pour la culture de la canne à sucre.

Membres fondateurs

Gründer haben ihre Gründe

Vers 1975, les pionniers de Biofarm se sont retrouvés malgré eux sur une trajectoire de collision avec la coopérative de production et de mise en valeur Galmiz (aujourd'hui Terraviva). Le taux de change du franc suisse avait significativement augmenté pendant la crise pétrolière, causant un renchérissement des produits d'exportation suisses. Biotta, implantée à Tägerwilen en Thurgovie, a également été affectée. Subissant un goulot d’étranglement affectant le jus, l’entreprise a dû imposer à ses fournisseurs de carottes et de betteraves de diminuer les quantités livrées . Bien que les pionniers ne souhaitassent pas se lancer dans le commerce des légumes, l'idée de faire des actions sur les carottes bio dans les magasins de produits diététiques a fait son chemin. Le président de l'Association suisse des magasins diététiques de l’époque, biona, (Verband Schweizer Reformhäuser) a rejette la demande au motif qu'un magasin diététique n'a pas vocation à vendre des produits frais. Il indique toutefois que l'Union des coopératives agricoles de Berne produit le jus de légumes Eden sous licence pour le marché suisse. L’affaire se concrétise, 30 à 50 tonnes de carottes et de betteraves rouges par an peuvent être livrées par Biofarm pendant quelques années.

 

Biona, Pionier, Morga et une ligne distincte
L'activité liée au jus de légumes n’est pas parvenue à occuper une place centrale dans l'entreprise, mais elle a ouvert une voie d’avenir pour les pionniers : le lancement de produits bio, dont des céréales, en petits conditionnements – une grande nouveauté pour la clientèle bio à l'époque. C'est ainsi que commence une coopération à long terme avec l'Association biona. Elle débute avec la commercialisation de grains de blé et de seigle sous la marque biona. L'entreprise Pionier de Wädenswil, dans le canton de Zurich, s'occupe de la distribution fine aux magasins d'aliments naturels, une activité reprise par la suite par Morga SA à Ebnat-Kappel, dans le canton de Saint-Gall. Mettre en place sa propre distribution ou approvisionner les magasins diététiques par transport ferroviaire ou par la poste rendrait la marchandise trop chère.

Bientôt, l'orge et l'avoine viennent étoffer la gamme. Une question se pose : qui peut éplucher et nettoyer de petites quantités de bonne qualité et à des prix raisonnables ? Le président Werner Scheidegger partage ses expériences : « Au moulin de Lützelflüh, le chef meunier s'est moqué de moi : ‘ Le temps que je règle correctement la machine, tout le lot y aura déjà
disparu ‘». Le Steigmühle Töss à Winterthur est prêt à prendre en charge de petites commandes. Avec l’augmentation des quantités, le moulin de Lützelflüh accepte finalement de s’en charger. L'assortiment biona ne cesse de s'élargir au cours des années suivantes. La farine Graham vient s’y ajouter, ainsi que la farine de seigle et la farine blanche, suivies plus tard par le millet, le sarrasin, des graines de lin et d’autres encore. La bonne coopération avec l'Association biona et la présence d’une installation d'embouteillage au sein de l'entreprise pour les petits emballages motivent le choix de miser sur une ligne propre sous la marque Biofarm.

 

Membres fondateurs

Emballage biona et petits emballages au fil des ans.

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